jeudi 5 août 2010

L'islande en théorie




Jour de grand départ, avec un arrêt au Blue Lagoon au préalable. J'avais archi-pas l'intention d'y aller, c'est plutôt cher (60$ transport+entrée) et je ne suis pas particulièrement fan du macérage dans l'eau chaude (je déteste prendre des bains)mais j'ai juste été vraiment ramollie par le bombardement publicitaire et par tous ces gens qui y sont allés et qui en parlent avec tant de bonheur. Alors bon, je vais l'essayer, au pire, je tremperai l'orteil quelques minutes, au mieux, je vais y prendre goût et revenir au canada plissée comme un raisin sec.

Alors comme moi je ne suis pas Paul Allen de Microsoft et que je n'ai pas les moyens d'avoir un yacht de guerre avec 2 sous-marins et un hélicoptère dessus, pour voir l'Islande de bas en haut, je dois me contenter des excellentes cartes en relief de chambres d’hôtel!

dimanche 1 août 2010

Comment l'islande a gagné mon coeur en cinq étapes




Ce n’est pas parce que je suis très critique vis-à-vis de mon voyage qu’il est forcément nul. J’avoue que quelques fois, certaines rencontres n’ont pas eu lieu, mais en même temps, je suis toujours tellement exigeante. En amorçant notre dernière semaine, au retour des Îles Féroé, j’étais franchement ouverte à me laisser séduire pour de bon. Aujourd’hui, alors que je suis en route vers Reykjavík pour boucler le «fullle circle » que l’on a fait dans les dernières semaines, je peux dire avec assurance que le sud de l’Islande m’est carrément entré dans le cœur, et s’est parké là tel un bloc erratique. Dans ma toujours très rigoureuse analyse, j’ai réussi à déterminer les cinq éléments qui, une fois regroupés, ont fait de moi une affaire conclue.


Alors, que ceux qui m’aiment prennent des notes :


1. La brume

Berunes, l’endroit où nous avons passé une nuit, est plus au milieu de nulle part que tous les nulle part dont j’ai pu parler déjà. Une auberge+une église+5moutons=Bérunes. Alors, pour continuer l’équation, Berunes+15 minutes de marche= Une plage de galets isolée par la brume. Même si ça peut être décevant pour la vision panoramique, la brume à l’avantage de créer des charmants cocons visuels, qui se déplacent avec nous. Ainsi, on a eu le plaisir d’avoir l’impression d’être seules au monde, au bout du monde sur une plage devant l’océan. En réalité, il y avait d’autres personnes et on étaient au fond d’un fjord. Mais l’important, c’est les apparences non?


Coups de cœur:

  • Le bruit des galets gris qui s’entrechoquent comme sur la plage de Philipsburg
  • Les oiseaux qui ne nous attaquent pas (probablement juste parce qu’ils ne nous ont pas vues dans le brouillard!
  • Le bêlement des moutons invisibles


2. Le vert Après tous les paysages aux couleurs saturées que j’ai eu la chance de voir, c’est quand même ironique de réaliser qu’il en suffisait d’une seule pour me charmer. Dans le Sud, le vert se décline dans toute sa palette, du vert gris lichen arctique au vert «green de golf» en passant par les dégradés jaunâtres de l’herbe morte et de vert vif de la mousse humide et luxuriante, et ce, à chaque coup d’œil. En fond de toile, le blanc épais du ciel et le gris ardoise du sol et des monts volcaniques.

Coups de cœur:
  • Les champs de lave recouverts de mousse. Effet visuel : 10 000 chia pets gone wild.
  • Les petites mottes fuchsia de thym sauvage


(photo de mousse de champ de lave prise du bus=pas top)


3. Les animaux vivants

Après l’hécatombe de la semaine dernière, je me considère privilégiée d’avoir pu admirer autant d’animaux vivants. Ici, les chevaux chillent très près de la route, et les moutons sont simplement partout. Ainsi, s’ils ne se reposent paisiblement au milieu du chemin, ils trônent comme des marguerites obèses sur les roches ou les petites collines, vertes évidemment.


Coups de cœur :

  • Les moutons aux cornes style guidon low-rider
  • Les chevaux qui se massent mutuellement le dos


4. Les vieilles fermes crado

Même si je sais apprécier la beauté des petites maisons colorées et coquettes qui s’alignent sagement dans les villages, j’ai vraiment une forte préférence pour les granges de tôles mal entretenues trônant seules dans un creux de montagne. Oui, il n’y a rien de tel que le passage du temps sous la forme de longues coulisses de rouille et de peinture émaillée pour donner du charisme aux maisonnettes de tôle mal fagotée.


Coups de cœur:

  • Les maisons dont un des murs EST la montagne
  • La tôle turquoise rouillée



5. Les blocs erratiques et leur philosophie de «moi j’me tasse pas»

C’est pas toujours évident de distinguer un bloc erratique d’une simple grosse roche tombée dans un éboulis. C’est vraiment un truc d’initié vous savez…Quand j’ai appris ce que c’était un bloc erratique (merci Isa et ses connaissances géographiques), j’ai vraiment aimé le concept. Ya RIEN qui peut bouger un bloc erratique sauf la fonte des glaces, c’est-tu assez stable à votre goût ça? Qui veut pousser pousse autour, pousse dessus ou pousse ailleurs. Point.


Coup de cœur:

  • Pas besoin, je l’ai dit –ya rien qui bat un bloc erratique,

jeudi 29 juillet 2010

C'est un véhicule lunaire? Un Bulldozer de l'armée israélienne?






Non, c'est un camper!
Oui monsieur, les européens ne prennent pas seulement l'Islande pour leur terrain de camping, ils le prennent aussi pour leur nouvelle planète (slash) zone de guerre (slash) contrée inexplorée. Et ils ont décidé que c'était pas en Firefly que ça se passait. De toute façon, quoi de mieux pour apprécier la nature qu'un véhicule aussi pesant qu'un tank qui consomme comme un camion de vidange? Je vous le demande...

mardi 27 juillet 2010

Du sang plein les yeux (attention, les photos sont à la fin)

Confessions : J’ai déjà joué au baseball avec des grenouilles. J’ai aussi noyé des chenilles. J’ai pêché des étoiles de mer pour les faire sécher. J’ai déjà songé à attraper un papillon tropical pour le photographier. Voilà, mon père, le compte est bon. Puis-je aller en paix?

Non, je crois que je ne le puis pas. Quel fardeau incroyable que d’aimer les animaux à la folie mais d’être suffisamment lucide pour savoir que la terre entière ne se mettra pas à manger de la tourbe pour les beaux yeux des bébés phoques. Vendredi dernier, la (mal)chance a choisi de me lancer au cœur de la controverse animaliste, en faisant advenir deux évènements importants à quelques heures d’intervalle : mon arrivée aux Îles Féroé et un grind de chasse à la baleine, dans une des baies de Torshavn, la capitale. Ce matin-là, j’aurais très bien pu refuser de voir, juste ignorer l’événement et terminer mon café comme si de rien était. Mais quand on m’a annoncé que les chasseurs étaient partis après un troupeau quelques minutes plus tôt, c’était déjà trop tard. Impossible pour moi de savoir et de fermer les yeux. J’ai senti que je devais aller au bout de l’expérience parce que la seule chose que je pouvais faire par la suite, c’est d’en parler. Ça sonne un peu cucu comme ça, mais comme je n’avais l’intention ni de participer, ni de me garrocher sur eux en leur hurlant d’arrêter, je me suis dit que le mieux était de faire ce que je m’exerce à faire depuis le début de mon voyage, regarder et réfléchir et être cynique.

Notre hôte férogïen nous a gentiment déposées là où ça se passe, une baie sablonneuse entourée de collines. Pendant environ une heure, nous avons regardé les gens s’accumuler sur les lieux. Tout le monde, de toutes les générations pouvant y être y était sûrement. Quand ça arrive, le temps s’arrête sur les Îles. Ceux qui peuvent quitter leur travail pour une heure ou deux le font. Même pas besoin d’avertir le patron, si ça se trouve, il est lui-même déjà là-bas. J’étais terriblement nerveuse en arrivant. Je trouvais ces moments d’attente insupportables. Lentement, les chasseurs s’organisaient sur la plage, mettaient les cordages en place. Tout était très hiérarchisé, chaque personne a une tâche particulière et est tenue de la respecter. Au loin, on ne pouvait qu’apercevoir les bateaux de pêche formant une ligne, afin de rapprocher les bêtes de la côte. En faisant des recherches sur internet, j’ai trouvé ceci :

Observation of the Pilot Whales indicate that they work together in order to get the food that they want. Engaged in a type of high pitched whistle, they will create a circle that seems to mesmerize the prey and then they can consume it with ease.

En gros, c’est un peu ce que les chasseurs font, ils désorientent les baleines avec du bruit et les dirigent vers la berge avec leurs bateaux. Ainsi, tout ce que l’on voit jusqu’au dernier moment, c’est une ligne de bateau qui s’approche tranquillement. Au dernier moment, on aperçoit les globicéphales sautant comme les dauphins. C’est à ce moment que je me suis mise à pleurer encore plus, à gros sanglots, en voyant des baleines vivantes, prises au piège, déjà mortes. C’est le même désarroi quand je croise des camions d’animaux sur la 20, décuplé par le fait que je sais que c’est dans environ 30 secondes qu’elles vont se faire charcuter et que je suis là, à regarder.

30 secondes plus tard, les chasseurs courent à l’eau pour intercepter les baleines et leur trancher ce qui j’imagine doit être leur gorge. Dans la marée rouge qui se crée presque instantanément, les bêtes tombent au combat et une fois inertes, sont tirées de l’eau pour être identifiées, et ensuite être ramenée en bateau jusqu’au port. Chaque personne ayant participé à la chasse recevra, en fonction de son rôle, un morceau de sa baleine, préalablement numérotée.

Malgré avoir vu, photographié, revu en photo plusieurs fois et écrit la chose, ma gorge se serre encore et je revois par flash, le court instant où j’ai aperçu les baleines coincées devant les bateaux, quelques secondes avant qu’elles soient prises d’assaut par les chasseurs. Et malgré toutes les larmes que j’ai pu verser pour ces bêtes piégées, je souffre un peu plus de ne pas pouvoir me réfugier dans de l’émotion brute, et de ne pouvoir crier à l’injustice devant ce que j’ai vu. Parce que contrairement à plusieurs qui ont des opinions sur le sujet, MOI, j’ai vu. J’ai vu une mise à mort rapide et non complaisante. J’ai vu un travail organisé, structuré par des professionnels, soucieux de ne pas perdre de temps. Je ne saurai jamais si ces hommes, jeunes et vieux sont fiers et heureux de prendre ces énormes mammifères à bras-le-corps pour les saigner à mort. Mais à la limite, je m’en fous. Ce qui comptait pour moi, c’est de savoir/voir qu’en tuant des baleines, ils ne jouaient pas au même jeu que moi enfant, qui noyait des chenilles avec insouciance, pour le plaisir.

La chasse au globicéphale n’est pas une corrida marine, il n’y a pas de foule en délire et les chasseurs ne s’amusent pas à exciter les bêtes à coup de couteau. Contrairement à ce que les animalistes radicaux en disent, elle n’est pas non plus semblable à l’hypocrite chasse au dauphin de Taji (voir le film The Cove), parce qu’ici rien n’est caché (au contraire, c’est tout juste s’ils ne l’annoncent pas à la radio) et la viande de globicéphale est soigneusement distribuée dans les familles de chasseurs, avec une priorité aux aînées lorsque la ressource est rare.

Peut-être que je suis un peu naïve de voir ça comme ça. Chacun sa façon de survivre.

Dans l’absolu, j’aimerais que cette pratique cesse parce que j’aime les baleines comme j’aime tous les autres animaux. Elle cessera sûrement dans quelques années parce que comme pour les dauphins de Taji, la viande de globicéphale est de plus en plus toxique. J'imagine que le jour où ils ne chasseront plus la baleine, une forêt de plus sera défrichée et quelques vaches de plus partiront pour l'abattoir. La vérité, c'est que ce qui me préoccupe plus que des gens qui vont chercher leur alimentation à même la nature dans un spectaculaire bain de sang, c’est ceux qui, a chaque semaine, vont chercher à l’épicerie, des paquets bien emballés de viande anonyme qu’ils mangeront tranquillement devant le téléjournal, en s’insurgeant devant « ces barbares de chasseurs de phoques », sans se soucier de comment l’animal dont ils mastiquent énergiquement la chair, a mené sa vie, et encore moins de comment il a mené sa mort.

Voilà, c'est dit.






Commencez à pleurer ici...











lundi 26 juillet 2010

La route vers Seydisfjordur






La recette gagnante

Après notre journée à Husavik, nous avons tenté de poursuivre notre chemin vers Egilsstaldir pour prendre de l’avance sur notre horaire. Nous avons pris le bus jusqu’au Lac Myvatn, pour se placer directement sur la route 1. C’était vraiment une mauvaise idée. C’est à travers cette mauvaise idée, qui nous à mené à notre première (et dernière je l’espère) nuit à la belle étoile, que j’ai commencé à me poser plusieurs questions sur le sens que prenait notre voyage…

Tous ceux qui m’ont demandé des nouvelles depuis mon départ ont reçu sensiblement la même réponse : «Tout va bien, il fait froid, mais c’est magnifique…», magnifique, fabuleux, extraordinaire, à couper le souffle, je commence à venir à bout de superlatifs pour décrire l’Islande, qui elle n’a pas l’air du tout fatiguée de nous montrer quelque chose de mieux encore, à la courbe suivante. Il semble donc que je vais devoir sortir mon dictionnaire de synonymes pour élargir mon vocabulaire, parce qu’à moins d’élargir mon portefeuille, je continuerai de n’avoir accès que visuellement au spectaculaire paysage islandais. Alors même si je suis presque devenue aveugle de voir tant de beauté à travers les vitres de voitures ou d’autobus, mes autres sens demeurent largement sous-stimulés. C’est sûr que voyager dans un pays de grande nature, c’est pas comme se planquer à Rome pour un mois et être en plein dedans. Ici, il faut faire beaucoup de déplacements et même si on est là, j’ai parfois l’impression qu’on est dans une petite bulle, avec notre petite bouffe, et notre minuscule pouce, qui ne fait pas le poids sur les longues routes au milieu des volcans. Je ne sais pas si ça a à voir avec la façon dont le tourisme est organisé ici. Dès notre arrivée, on a été submergées par des dépliants de tours pour voir tel volcan, tel Geyser, gravir tel glacier, (en 4x4 super-méga lunaire) se baigner dans tel lac. C’est très localisé, orienté vers des endroits spécifiques qu’il faut voir comme si la qualité du voyage en dépendait. Et comme ceci entraîne cela, c’est ce qui fait qu’Isa et moi, on s’est trouvé coincées au lac Myvatn, un endroit sur-touristique où tous les hôtels sont pleins. Ainsi, après deux heures de pouce infructueux, on a sorti nos sleepings pour une nuit «sous les étoiles».

Il ne faut pas se méprendre, je suis contente de voir tout ce que je vois, je ne regrette pas un sous dépensé ici. Mais je peine encore à créer un lien avec le lieu, un attachement émotif, chose que j’ai faite instantanément en débarquant en Écosse et aux Iles de la Madeleine. À tout ceux qui roulent des yeux, JE NE ME PLAINS PAS!!! Je réfléchis seulement. Je vais quand même pas jusqu’à dire que je m’ennuie des Marocains qui harcèlent les touristes dans les souks mais là…je commence à épuiser mes ressources de small talk avec les marchands!

Tous les ingrédients sont pourtant là, la mer, les falaises, les oiseaux, le vert, les montagnes, la neige, les bateaux. Même la garniture y est : l’humour, l’ironie, les coïncidences, les animaux (morts)… Rien à faire, je trouve mon expérience un peu désincarnée. Des fois je me dis que mon Islande est un gâteau qui ne lève pas.


Alors voici des photos prises de notre petite bulle de bus, après notre nuit dehors! Que c'est beau de loin...














dimanche 25 juillet 2010

Road trip dans la brume

















Isa et moi avons énormément de chance, notre hôte nous a offert sa voiture pour aller visiter les Îles. Le lendemain, nous avons fait ni une ni deux et nous nous sommes lancées sur les routes sinueuses et pentues de l'archipel. Il nous a fallu quand même une petite séance de stratégie, dont le résultat le plus important est notre décision d'inverser les rôles de conducteurs et de co-pilote, un choix ma fois judicieux. Contre toute attente, j'ai donc pris le volant d'un grand vitara manuel 4x4 qui nous a mené courageusement jusqu'au bout du monde.

Quand je dis courageusement, c'est pas peu dire. Le trafic est inexistant et les routes sont en excellentes conditions MAIS, elles sont souvent étroites et quand je dis étroite, je veux dire à une voie. Même certains tunnels sont à une voie, ce qui veut dire qu'une des deux voitures doit se ranger dans les espaces prévus à cette fin. C'est pas que c'est difficile mais ça demande une concentration genre absolue.

Comme pour l'Islande, les superlatifs me manquent pour parler de la beauté du paysage. Ce qui commence à me manquer aussi, c'est le contact humain avec les locaux. Enfin, on se console en se disant qu'on a probablement dû voir presque la totalité de l'autre population des Féroé, soit les 70 000 moutons qui gambadent librement dans les prés verdoyants.